13 mai 2006

24h chrono !

Et oui, me voici de retour après une longue période de chômage technique… En effet, mon ordinateur a été victime d’une attaque lâche et virulente de la part d’un virus, qui l’a donc mis HS de dimanche à jeudi. Non content de me priver de mon précieux bébé pendant de nombreux jour, il a aussi monopolisé une bonne partie de mon temps en visites chez le réparateur, un mec d’origine sénégalaise très sympa, avec qui j’ai plus discuté du contexte politique actuel de la France que d’informatique, mais bon… j’ai assisté en live à la désinfiltration de ce virus de mes fichiers, à la traque haletante dans Windows et Program Files… que du bonheur pour une novice en informatique comme moi, pour qui des phrases comme « tu uploades ton driver qui te permettra d’optimiser la mémoire vive de ton programme php » est une insulte suprême.

Sachant qu’en plus de ça, les périodes de temps libre qui me sont d’habitude allouées se sont trouvées encore réduites comme peau de chagrin par notre fameuse Spring School, semaine de séminaires en anglais sur le thème des Frontières de l’Europe organisée par notre cher et bien-aimé Hans-Dieter Klingemann, et qui a rassemblé à Dijon la crème de la crème des chercheurs et professeurs en Comparative European Politics. Tous les jours, essais en anglais à faire à la fois sur les cours et sur les abondantes lectures « obligatoires » qui accompagnaient les cours… histoire de ne pas laisser les étudiants et leurs quelques neurones dans une oisiveté qui risquerait de les amener à pratiquer des activités divertissantes !
Bon, certes, les cours étaient globalement les mêmes que ceux de l’année dernière : Aarebrot, Klingemann, Markowski, Gschwend… néanmoins, Fuchs a été victime d’un malheureux accident qui l’a empêché de venir, mais qui du coup a amené HDK a inviter un professeur Turc qui a –de loin- donné le cours le plus vivant et intéressant de cette Spring School en nous faisant un plaidoyer en faveur de l’entrée de la Turquie dans l’UE, ponctué de « MMmmm’kay » d’un raffinement burlesque tout à fait appréciable. Notons aussi que le cours de Aarebrot était le même, mais qu’il avait ajouté en introduction une carte de l’Europe et de ses frontières depuis l’an 0, toute animée, et qui a réjoui tout l’amphithéâtre, moi la première. Pas aussi bien qu’un téléfilm allemand, mais quand même !

Enfin, cette Spring School ne serait pas la Spring School sans le fameux [ roulement de tambour] MEMOIRE FINAL ! Que j’explique aux non-initiés la règle du jeu : vous tirez au sort un sujet, et en 24h, en groupe de 4, vous devez rédiger un mémoire –enfin plutôt un long article de recherche argumenté- d’une douzaine de pages, en anglais ou en français, sachant que c’est à vous de chercher les documents… Enfin bon, une manière très saine d’occuper sa soirée quoi.
Notre groupe, pour le moins multi-ethnique, se composait de Alice (Tchèque), Monika (Slovaque), Kate (Australienne), et moi. Jeudi, vers 20h30, après 3 heures de débats intenses entre élèves de 1ère et 2e année, où j’ai notamment défendu avec panache la nécessité de faire une pause dans l’élargissement européen, nous voici à tirer notre sujet :

« Some scholars think that the social and cultural conditions play an important role in shaping the political systems. What do they mean ? Argue your thesis with few well-chosen examples”.

Chacun sait que rien ne sert de courir, il faut partir à point. Donc, pendant que nos collègues et compagnons de galère se précipitaient dans la bibliothèque, notre groupe se déplaçait d’un pas décidé vers… le Spar. Ben oui quoi, pour faire des provisions, car rien n’est pire qu’une crise d’hypoglycémie en plein effort intellectuel. Bref, après des pommes, de la salade, des pizzas et oui, je l’avoue, 3 bouteilles de vin (sur l’initiative du clan Slovaco-tchèque, je précise pour les mauvaises langues), nous voici de retour à Sciences Po. Après un passage obligé par la bibliothèque où nous avons ramassé les miettes des ouvrages délaissés par nos collègues, nous installons notre QG en salle Sofia, point névralgique et stratégique car à côté du BDE (ben oui, les pizzas faut bien les faire chauffer au micro-ondes !). Nous nous lançons dans un brainstorming sur le tableau blanc, qui se retrouve rapidement couvert de nos hiéroglyphes, puis nous recherchons désespérément sur Internet des documents, explorons les sommaires des ouvrages… Comme l’esprit ne se nourrit pas seulement de boisson, même si celle-ci a un effet prolifique sur notre réflexion, Alice se charge de réchauffer la tarte provençale.

Nous continuons allègrement notre travail, quand une odeur âcre de fumée commence à atteindre nos narines… le funeste pressentiment se confirme quand nous entendons un cri d’Alice venant du BDE. Nous nous précipitons… pour observer avec perplexité le spectacle du micro-ondes ouvert, laissant échapper une épaisse et malodorante fumée qui forme d’ores et déjà une épaisse nappe de brouillard dans la pièce. Entre rire et asphyxie, nous ouvrons rapidement toutes les issues ouvrables, et nous précipitons à l’extérieur histoire de ne pas totalement suffoquer. La malheureuse victime est extraite du four, brûlée au moins au 5e degré sur 100% de sa surface, et posée dehors, encore fumante. Le micro-ondes se trouve quant à lui totalement tapissé en ses parois intérieures des stigmates de l’affreux incident. Pendant que nous nous laissons aller à un fou rire, nous voyons débouler la direction alarmée par l’odeur qui a envahi tous les étages, en les personnes de Rachel et Macek. Nous leur exposons le malheureux incident du aux talents de fine cuisinière d’Alice et, rassuré, retournent à leurs pénates. Une fois la pièce un minimum débarrassée de son brouillard, nous retournons à notre QG, et continuons notre travail. La cuisson de la pizza se trouve cette fois confiée à Kate, tandis qu’Alice essaie de se rattraper dans la confection d’une salade composée, chose moins risquée. Les estomacs bien remplis, nous essayons cette fois de transférer l’effort vers nos cerveaux, profitant du temps qu’il nous reste avant la fermeture des locaux à minuit. Après une petite visite de Macek et de Ruchet –grand coordinateur de la Spring School- et après que ce dernier nous ait donné cet ultime conseil : « soyez créatives » -dont je soupçonne qu’il ait été motivé par la vue des cadavres de bouteilles de vin et des verres remplis- nous plions nos gaules pour nous installer chez Kate. Tout en buvant nos cafés, nous arrivons peu à peu à la construction d’un plan tenant un minimum la route. Devant les bâillements de plus en plus fréquents et long de l’assistance –normal quoi, il est presque 3h30- nous décidons de nous accorder une petite pause sommeil, et de nous retrouver le lendemain à 9h.

Après un réveil difficile suivant les 4h de sommeil, revoici la fameuse bande en pleine action, à Sciences Po. Quelques lectures supplémentaires, et nous commençons la rédaction du mémoire, en anglais s’il-vous-plait, sous la houlette de Kate. Vers midi, devant la fatigue et le manque de productivité, nous nous accordons une petite pause. Le clan Slovaco-tchèque s’accorde quelques heure de golf, tandis que Kate et moi nous retrouvons, plus motivées que jamais et déterminées à venir à bout de ce mémoire. Et en effet, à 16h, il ne nous reste plus que l’introduction et la conclusion à rédiger. Alice et Monika nous retrouvent donc pour le meilleur moment. Après une lecture collective au terme de laquelle chacune donne son accord sur la rédaction définitive du corps de l’ouvrage, Kate se charge de l’introduction tandis que je m’attèle à la conclusion. Alice et Monika se chargent de la bibliographie, et de la recherche d’annexes. Et finalement, à 18h30, notre mémoire sous sa forme définitive apparaît. Il ne nous reste plus qu’à l’imprimer, chose qui peut apparaître bénigne et relativement aisée comparée aux efforts déjà fournis… c’est sans compter sur la « compétence » de notre cher M. Fremann, (ir)responsable technique de Sciences Po. Il nous faut régler les problèmes de format, de paramètres d’impression, puis d’imprimante qui se succèdent comme dans un mauvais film de Mr. Bean. Je commence à péter les plombs et ne sait plus s’il faut rire ou pleurer, tandis que M. Ruchet, lui, se marre bien. Finalement, à 18h50, nous sommes le 1er groupe à rendre notre mémoire.
OUF !!

Donc voilà, j'espère que la lecture de ces 24 h haletantes vous a plongée dans un état de stress autant que lors du visionnage d'un épisode de 24h chrono, car vraiment c'est un peu comme ça que nous l'avons vécu...

8 commentaires:

Vincent a dit…

Jack Bauer ne se serait pas contenté de lire les livres pour leurs soutirer des informations ; il les aurait déchiré, torturé, afin d'être sur que ceux-ci ne lui cachent rien. Mais bon, lui il a l'expérience, il a déjà fait 5 fois 24H chrono.
Donc on peut dire que c'est pas mal. C'est même très bien.

Sinon, tu pourras toujours présenter Alice à Sissou un jour, ils ont l'air d'avoir le même talent pour la cuisine.

Anonyme a dit…

Merci Chauchou! C un poste magnifique, comme t´as promis...j´espere q t´as rattrape le manque de sommeil :) A.

Chachou a dit…

Ouais Alice je suis tjrs en train d'essayer de rattraper... bon je crois que le manque de sommeil court de toute manière plus vite.
Et tant mieux si ce récit te plaît, j'ai essayé de n'omettre aucun des aspects les plus drôles, sans pour autant être trop exhaustive... Mais c'est vrai que je devrais te présenter mon petit frère, vous pourriez vous échanger vos recettes concernant la cuisson râtée de tous les aliments possibles et imaginables ! ;-)

Anonyme a dit…

Chachou et Vincent : je vous trouve très injustes avec Sissou...il a réussi récemment à faire réchauffer une boîte de petit salé aux lentilles de façon tout à fait normale... et après : il a même fait la vaisselle ! Epatant, non ?

Chachou a dit…

Et dire qu'il faut attendre que je sois partie de la maison pour qu'il se décide enfin à faire ça !! Faut-il y voir une relation causale ?

Admin a dit…

Arf, comment dire...

Je préférais tout de même le concept de MA première année, sujets donnés à 12h le jeudi, rendus à 11h le vendredi.

Parce que travailler la nuit avec du café et un peu d'alcool, c'est le pied. Tandis que le fait qu'on accorde l'après-midi du vendredi donne une organisation un peu bancale.


Bon, sinon j'arrive jeudi ou samedi. Je veux une babovka cuite mais pas brûlée, s'il vous plaît.

Anonyme a dit…

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Anonyme a dit…

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