16 mai 2007

Tristitude

Depuis quelques jours mon Nuage se teinte de gris. Je ne broie pas du noir, mais c’est vrai que je me sens un peu triste, un peu melancolique.
Le temps doit jouer, forcement. Mai s’est invite en avril, et du coup la en mai on se retrouve avec des giboulees de mars, genre de la pluie alors qu’il fait soleil, puis un jour de « canicule » a presque 30 degres, du coup orage le soir, et un lendemain gris et frais... Bref, le temps fout le camp, et le moral avec.

Mais pas que. En fait je suis un peu perplexe, dubitative face a de nombreuses choses.
D’abord, la realite de mon depart de Pologne se fait chaque jour plus criante, et ca me fout un peu les glandes d’abandonner tout ca, tout ce que j’ai construit, mon quotidien, mes connaissances, mes amis.

Bon la bonne nouvelle c’est que mon « boulot » me manquera pas. Mais j’ai le coeur qui se fend quand ma famille me demande de rester, quand des connaissances me demandent de rester. Des gens se sont apparemment attaches a moi, « la Francaise » qu’ils n’ont jamais traite en tant que telle. Ils se sont ouverts, ont pris le temps de discuter avec moi, de me montrer plein de choses, et j’ai vraiment passe de bons moments avec eux. Et les laisser, la, je me sens en quelque sorte coupable. Non pas au sens ou moi la Francaise charitable j’abandonne ces pauvres Polonais a leur sort. Mais plutot dans le sens ou j’abandonne le chantier en pleine construction, sans leur donner tout ce que j’aurais voulu.

Meme si c’etait prevu des le debut, j’avais pas prevu que je m’attacherais autant a ce pays, a ces gens, a cette ville. J’ai vraiment l’impression d’avoir ete adoptee par la Pologne, plutot que l’inverse...

Certes, tout cela me donne encore plus de courage et d’envie de faire ce que j’ai a faire en France, pour revenir le plus vite possible et finir de construire ce que j’ai commence ici. Mais 10 mois en Pologne, c’est quand meme pas negligeable.
D’autant que bon, mon retour en France, ca va etre le depaysement, je me suis « deshabituee » de plein de choses, toutes cons, mais qui rythment le quotidien. La radio francaise, le JT avec ses presentateurs, les habituels problemes sociaux (d’autant plus avec l’election de Sarko), la mentalite, les horaires des magasins, la langue, le cout de la vie.

Et pis je reviens pour reprendre mes etudes, chercher un appart’, va falloir me remettre dans le bain stressant de Sciences Po, des examens, exposes, echeances, calendrier charge, dans une nouvelle ville de surcroit (ben ouais Paris en soi c’est encore autre chose...).
Pour etre honnete, c’est 50% excitation et 50% peur.
L’ete va etre necessaire pour aborder tout cela sereinement. Faire le plein de famille, de ces amis qui m’ont tellement manque et qui me manquent toujours, d’autant quand je sais qu’ils vont pas super bien, que j’arrive pas a etre au courant, que je peux rien faire, ce qui m’agace. Oui il faut le dire, j’ai ete une bien pietre amie cette annee, et j’aurais beau evoquer toutes les circonstances attenuantes du monde, j’arriverais pas a me departir de ce sentiment de culpabilite. Ouais, n’est pas Wonderwoman qui veut, et je constate que j’ai encore beaucoup a apprendre...

Bon, et tant qu’on est dans les confessions, je dois avouer que cette humeur mo-pas-rose est un peu a mettre sur le compte de la Grenouille.
Ces deux dernieres semaines, j’ai plus ou moins coupe les ponts avec lui. C’est-a-dire que je n’ai pas cherche a le contacter, juste pour voir si lui chercherait a faire le premier pas. Bon, essai pas super concluant, il a craque au bout de 5 jours, en me demandant comment ca va par sms, et rien d’autre. Puis, comme j’arrive pas a etre aussi distante tres longtemps, apres 2 semaines sans nouvelles, j’ai craque a mon tour.
Et c’est donc par un sms que j’ai appris qu’il arretait de bosser au magasin a la fin du mois, son (ses) freres aussi. Marre de bosser comme un con gratuitement, comme il dit. Il sait pas ce qu’il va faire apres, il a encore son credit a rembourser. Mais il a pas voulu m’en dire plus par sms, et m’a propose qu’on se voie pour en discuter, aujourd’hui ou demain.
Ca m’a fait un choc, un gros poids sur l’estomac d’apprendre ca. J’etais vraiment triste pour lui. Et aussi triste, car ca marque (symboliquement certes, mais les symboles comptent enormement pour moi) la fin d’une periode. La fin de tous ces moments passes derriere le zinc, avec lui ou son frere, a discuter pendant des heures. C’est avec eux que j’ai eu mes premiers contacts avec la « Pologne d’en bas » et les « Polonais d’en bas ». Que j’ai compris beaucoup de chose sur leur mentalite, leur fierte, leur dignite. Que le gouvernement ne meritait pas les Polonais.
Non vraiment, je me mets a sa place, ca me foutrait les boules, a son age, de regarder derriere moi et de me rendre compte que je n’ai que « survecu », vivote, et que concretement toutes ces annees de travail ne m’ont meme pas permis d’economiser pour pouvoir enfin realiser mon reve. Je comprends sa frustration, et pourquoi il est aussi aigri.
Alors bon, j’peux pas faire grand chose, mais l’ecouter c’est deja enorme, surtout pour cet homme avare de paroles. Il ne m’a peut-etre jamais aimee comme je l’aurais voulu, mais j’ai reussi a conquerir sa confiance en quelques mois, alors je ne me sens pas decue ni rancuniere. Et j’espere garder contact avec lui, qu’il trouvera quelque part en Angleterre ou ailleurs son bonheur...

Quand je vois tout ca, je me sens un peu redevable. Je me dis qu’il faut que je sois heureuse, pour « venger » tous ces gens, leur montrer que c’est possible, echapper a la fatalite quelle qu’elle soit. Je me sens pousser des ailes, et c’est grace a eux.
Marrant comme la melancolie est chez moi le meilleur terreau de la motivation...

Bon, et pour finir, j’envoie toutes mes pensees les plus reconfortantes qui soient a une autre grande reveuse, qui doit revoir toute sa vie passer en ce moment au chevet de sa Moman...
D’ailleurs, Papa et Maman, s’il vous prenait de faire un AVC comme ca sans prevenir, je veux que vous sachiez que je vous aime.

Desolee les Loulous pour cette note un peu tristoune. Vous inquietez pas, mon naturel optimiste et reveur va vite reprendre le dessus ;-)

6 commentaires:

Vincent a dit…

Et moi aussi je t'aime.
Pendant tes vacances si tu veux, moi je peux te proposer un appart' sur la côte Normande. On peut se faire une ptite virée ensemble sinon. Ca serait cool.

La Nonne a dit…

il ne faut pas se sentir coupable de ne pas être bien. C'est normal. la culpabilité , sentiment auquel je m'adonne avec ferveur, est un sentiment parasite.

Anonyme a dit…

merci chachou t'es adorable.

Anonyme a dit…

Je te confirme que tes racines Polonaise remontent : ce subtil mélange de joie et de mélancolie est caractérisque !
Bon, tu sais on a la chance d'être a une période moderne où existent (en vrac) les voyages, le téléphone, les courriels ... et même les lettres !!!
Oui je sais, çà prend du temps et çà demande des efforts, mais y'a pas mieux pour rester en contact
Et pis comme tu dis, rien t'empèche d'y retourner !

JE T'AIME

Anonyme a dit…

Je te confirme que tes racines Polonaise remontent : ce subtil mélange de joie et de mélancolie est caractérisque !
Bon, tu sais on a la chance d'être a une période moderne où existent (en vrac) les voyages, le téléphone, les courriels ... et même les lettres !!!
Oui je sais, çà prend du temps et çà demande des efforts, mais y'a pas mieux pour rester en contact
Et pis comme tu dis, rien t'empèche d'y retourner !

JE T'AIME

Chachou a dit…

Moui je sais tout ca, et c'est pas une question d'effort, ne sois pas de si mauvaise foi ! tu sais pertinemment que malgre les lettres, les mails et les coups de fil, la sensation n'est pas la meme. Apres c'est triste mais c'est comme ca, ca n'a pas a etre bien ou mal...
Enfin je parle de courriers, mais la Grenouille etant dyslexique, il refuse d'ecrire...