20 octobre 2006

Enterrement de vie de jeune fille

Il en va de la vie comme des enterrements de vie de jeune fille : on est naifs, on pense que le meilleur est a venir, et en fait, des le lendemain, on a deja mal au crane, ce qui ne presage pas grand chose de bon.

Certes, ce proverbe maison est tout pourri, je vous l’accorde. Mais j’ai dormi environ 5h avec beaucoup d’alcools divers et varies dans le sang, et la ce matin en me reveillant pas de soleil et il fait froid. Et du haut du 4e etage de ma tour de verre bleu, je vois les nuages grisatres s’amonceller au loin puis se rapprocher lentement mais surement, comme un troupeau moutonnant guide par un berger invisible. Alors me faites pas chier pour une tournure de phrase, franchement, ya pas mort d’homme. J’voulais juste commencer ce post par un truc “catchy”, une sorte de “gimmick, de phrase choc” (elle est facile cette reference…).

Donc, hier soir, je file directement après le boulot au Lycee nr. VIII de Wrocław, ul. Zaporoska, ou je dois presenter aux eleves et parents d’eleves de la classe bilingue francais-polonais cette splendide ecole qu’est Sciences Po. Bon il est evident que l’on attend de moi un truc plus ou moins proagandiste, mais bon, c’est pas trop mon trip, et j’ai quand meme tenu a maintenir un certain recul dans mes propos.
Bien evidemment, il a fallu 20 minutes avant que l’ecran de l’ordinateur daigne s’extirper de son mode economie d’energie pour enfin collaborer (ben oui, j’avais un super Power Point tout en polonais), et ca n’a pas ete sans me rappeler avec un petit pincement au coeur et un petit sourire moqueur au coin des levres mes 2 dernieres annees a Dijon, et surtout ce cher M.Fremann (qui eut cru qu’un jour j’aurais des pensees presque nostalgiques a l’encontre de ce personage !).
Bref, une fois le bouzin en marche, je me lance, en essayant de ne pas lire le PPT mais de le commenter en live plus ou moins maitrise (c’est hallucinant comme on peut oublier les mots les plus elementaires quand on est confrontes a un public inconnu…). Bref, presentation effectuee en 10-15 minutes, puis questions. Notamment par un pere, qui etait tellement sceptique que ca se sentait a 20 km a la ronde. Qui me posait des questions sur un ton limite agressif par rapport aux bourses, au niveau de francais… Je m’evertuais a y repondre et a le rassurer du mieux que je pouvais (“vous savez, il existe 3 types de bourses pour les eleves internationaux, donc vous en aurez forcement une… Bien sur que le montant sera suffisant, vous savez, vous n’etes pas le premier a en beneficier, et jusque la, tout s’est bien passé. Oui Monsieur, après au moins 4 ans d’apprentissage du francais a raison de 4h par semaine, vos enfants ont normalement un niveau largement suffisant pour tout comprendre…”), mais de toute facon, ca faisait comme de pisser dans un violon puisque l’homme ne s’est pas departi un seul instant de sa moue dubitative, malgre mes efforts pour etre souriante a chacune de mes reponses. Le casse-couille quoi.
Donc bon, au bout de 45 minutes, j’ai senti que j’avais ma dose, et je me suis ecclipsee, histoire de rentrer chez moi me changer pour aller a la soiree de Ola (collegue de boulot cette fois).

A peine suis-je arrive a mon appartement que mon portable sonne : c’est Gabi (autre collegue, et taxi improvise) qui m’appelle pour me dire qu’elle est en bas de mon immeuble et qu’elle m’attend. Merdemerdeuhmerdeuh… il est passé ou, ce putain de jean ? Ces chaussettes, elles sont propres ou sales ? Oh et puis merde, pas le temps, et on s’en fout de toute facon… Et donc bon, change de pied en cap en 5 min, je cours a la voiture, et nous nous dirigeons vers chez Ola, c’est-a-dire a l’exact oppose de chez moi.

Il s’avere qu’elle habite pas loin du lieu ou se deroulent mes entrainements de Capoeira, donc je connais a peu pres le quartier, du moins mieux que Gabi, que je me retrouve a guider dans les rues (“Alors oui, a partir de Plac Bema, tu tournes a droite sur Bolesława Prusa… voila… et au bout, tu tourneras a gauche… oui, je suis sure, roh !”). Marrant, c’est quand meme elle l’autochtone, bordel !

Enfin bon, bref, on se retrouve chez Ola, on est les premieres arrives. A peine entrees et debarrassees de nos manteaux et chaussures (ben ouais, elle a un super parquet de sa mort qui tue Ola, c’aurait ete dommage de l’abimer !), on est priees de s’installer, et Ola nous refourgue d’autorite a chacune un verre, et le remplit de suite de vin. Ca commence bien. L’ambiance est a la lumiere tamisee, petites bougies partout, murs aux couleurs chaudes et meubles en pin Ikea. La table se remplit elle aussi, mais de vivres diverses, allant de la salade de pates au fromage, en passant par plateau de crudités. Bref, la bonne humeur s’installe rapidement, les rires fusent, ca langue-de-pute un peu aussi, sur les patrons, les collegues qui ne sont pas (ou pas encore !) presents. Ola a mis en fond sonore Manu Chao : je lui apprends qu’il est francais, et non pas espagnol (enfin c’est vrai que c’est pas forcement evident), elle me dit que c’est son idole, et je lui promets de lui traduire quelques chansons et de lui faire ecouter la Mano Negra.

Je comprends tres rapidement qu’il s’agit en fait pas simplement d’une soiree entre filles, mais d’un enterrement de vie de jeune fille (“wieczór panieński” po polsku). En effet, les collegues ont prevu quelques cadeaux, ma foi bien choisis pour assurer la longevite de la relation maritale :
- un ensemble en satin nuisette + dishabille
- de l’huile de massage
- un rouleau a patisserie
- une jarretiere
- un livre “10 bonnes raisons pour lui dire OUI”

Donc voila, pas mal de fous rires en deballant les cadeaux, et franchement une soiree sympa. J’ai pu tester mon super cocktail sur les filles, qui se sont toutes exclamees en coeur “ C’est une revelation ! Comment n’y ai-je pas pense plus tot ?”. Et ce, malgre le fait qu’Ola vait oublie d’acheter un concombre en rab, et qu’on a du aller les repecher dans la salade grecque puis les rincer a l’eau. Mais globalement, reussi, j’ai fait mon petit effet. Et j’ai vraiment bien sympathise avec Ola, qui est pleine d’humour et de derision.
Bon du coup, les verres se sont succede a une vitesse et avec une facilite surprenante. On ajoute a ca le fait que je suis arrive chez moi a 1h, que je n’avais pas assez mange et que j’avais deja un peu de retard de sommeil accumule…ben ca explique un peu le mal de crane. Pas une gueule de bois. Juste mon cerveau syndique qui demande de maniere vehemente a pouvoir retourner sous la coquette illico presto.

Mais ca fait plaisir quand meme, qu’elles m’aient fait une petite place dans leur cercle. D’ailleurs, j’ai decouvert qu’une de mes collegues etait quasiment ma voisine ! Ca tombe bien en plus, elle fait partie de celles que je prefere ici.

Donc voila, operation “je quitte ma caverne douillette pour aller a la rencontre de mes congeners” reussie ! Et finalement, la vie est p'tet un peu mieux qu'un lendemain d'enterrement de vie de jeune fille... Mouais, c'est a mediter en tout cas !

8 commentaires:

La fille a dit…

Oui, mais c'est quoi un "ogórek” ?

Chachou a dit…

Il faut suivre un peu ! "ogórek" c'est le mot polonais pour concombre. Ca peut aussi convenir pour les cornichons (dans un bocal avec du vinaigre) mais pas nos ptits cornichons de chez Amora, non non, plutot des cornichons obeses. D'ailleurs le chat de Ola s'appelle "Cornichon"(en francais dans le texte !) Et oui, en Pologne ca devient "fashion" de dire cornichon plutot que "ogórek"...c'est triste...

Vincent a dit…

Et dire que tu ne m'as jamais fait gouter ton super cocktail. Dieu que c'est triste. Dès que tu rentres en France, tu me le fais !

Chachou a dit…

C'est mon petit frere, espece de connard.
Et les psychologues, penses-y, je te jure que ca te ferait du bien, parce que sous-entendre des trucs aussi malsains et aussi frequemment, ca releve de la pathologie mon grand. Si au moins c'etait dit avec un minimum de classe... Pppffffff

Anonyme a dit…

Loin de moi l'idée d'être "graveleux" ou d'avoir une pensée déplacée (tu me connais !), mais deux choses me "heurtent"
> D'abord le rouleau à patisserie ... j'y voit un double sens potentiellement nuisible à une vie de couple épanouie (sauf pour les sado-maso esperts en fist-fucking, mais là c'est encore autre chose ...)
> ensuite le concombre, alors là, franchement, pour un enterrement DE JEUNE FILLE (Polonaise de surcroît, donc forcemment imbibée de la noble et pure chasteté "jamaisavantlemariage" inhérente à toute bonne éducation citée en exemple par feu JPII), çà le fait pô !!!

Chachou a dit…

Je te rassure de suite, Pout : le rouleau a patisserie a, a priori, pour vocation premiere d'etaler une pate brisee ou feuilletee ou sablee afin de mieux en tapisser le fond d'un moule. Neanmoins, je pense qu'il peut aussi servir d'argument final en cas de dispute conjuguale : pan, un grand coup sur la gueule, et ca coupe court immediatement a le sus-dite dispute. Et quant au concombre, il etait deja coupe en rondelles, dans la salade grecque donc. Mais on l'a quand meme rince avant de l'utiliser pour mon cocktail (non mais oh, queuh meme, fo po deconner hein).

Anonyme a dit…

C'est vrai,c'est à discuter.

Chachou a dit…

De quoi qui est a discuter ?
Ah oui, et bienvenue sur mon blog si je ne te connais pas encore.