25 juin 2007

Cherchez pas la logique, yen a pas

J’en apprends tous les jours sur moi, la dernière preuve en date : samedi soir. Soirée entre collègues de bureau-gonzesses pas piquées des vers, dont j’ai retiré les enseignements suivants :

- je peux boire beaucoup plus de bière que je ne le pensais, et sans avoir mal au bide ni être bourrée. Le score de la soirée s’est élevé pour moi à 2,5 litres de Żywiec et 1 long drink, le tout en 4h.
- j’ai fumé 2 cigarettes pendant ces 4h, preuve que je ne suis pas si accro que ca.

Donc je suis rentrée à la maison bien joyeuse, pour retrouver un chéri finalement en plus mauvais état que moi... le pauvre chou a trop mangé, et a voulu faire le malin à finir sa soirée par une petite vodka par dessus la bière deja ingurgitée. C’etait oublier que c’est MOI qui porte les couilles et qui suis capable de boire cette délicieuse petite eau.
Assez rigolo en fait au final, de le voir si penaud reconnaitre que l’alcool, à part la biere, c’est pas pour lui !Bref, après petit calin (moui j’avais pas envie de dormir, et j’espérais secrètement que... enfin voila quoi...) il s’est endormi comme une souche, me laissant desoeuvrée à me tourner et retourner dans le pieu.

Ca d’ailleurs, c’est un truc que je comprends pas et qui m’agace au plus haut point : il arrive a s’endormir en 5 secondes quand il est vraiment fatigué, genre on parle on parle, à un moment je lui pose une question et pouf, pas de réponse de sa part. Je hausse le ton, le chatouille gentiment... pour finalement constater que le bougre s’est endormi en sursaut. Sachant qu’il se réveille tout autant en sursaut, et ce même quand le fourbe n’a pas mis son reveil. Bon OK, il accepte quand même le péage-calinmatinal de rigueur, puis se lève pour aller nous preparer le café. Donc ça n’a pas que des inconvénients.

Mais c’est tellement opposé à mon mode de fonctionnnement à moi ! J’ai du mal à m’endormir, je suis de la nuit, une vraie chauve souris. J’ai un sommeil de merde, fragile, agité avec cauchemards, réveils fréquents pour un rien etc. Et un réveil matinal tout aussi pénible, en gros je déteste me réveiller, et pour quiconque partage mon réveil, il y a des règles simples et OBLIGATOIRES à respecter si vous voulez ne pas pourrir ma journée et la vôtre :

1) ne pas me parler avant que MOI je n’aie décidé de vous adresser la parole (avant ça, vous risqueriez de dire un truc, même sans le vouloir, qui va me contrarier pour le reste de la journée)

2) j’accepte les calins et papouilles matinales, mais faut y aller DOUCEMENT et PROGRESSIVEMENT, genre si vous sentez que ça me casse les couilles, stoppez net la manoeuvre

3) de manière générale, ne rien faire que je ne puissse mal prendre (genre : allumer la radio, car ca risquerait de tomber sur une station que je déteste), et ne rien faire avant que je ne l’aie moi-meme suggéré explicitement. Et attendre que je me sois douchée, voire même pour plus de précautions, que j’aie bu mon café.

Ce qui est le plus bizarre, c’est qu’il ait fallu attendre maintenant pour que je me rende compte de cette différence de caractères.
En fait, globalement, j’ai l’impression d’avoir découvert véritablement ma Grenouille depuis qu’il a arrêté ce travail a la con. Et c’est la que je prends la mesure de l’impact que peut avoir le travail dans le comportement et la vie privée de chacun. Je le perçois quand je vois la différence entre Grenouille qui travaille à la Grenouille, et Grenouille maintenant = en vacances. Et je le vois à moi-même aussi (mais je developperai ça plus tard).
Autant un bon travail peut être source d’épanouissement, surtout quand il a la qualité en plus de celle de vous plaire, de ne pas vous accaparer trop de temps.
Autant un mauvais travail – pas valorisant ni intéressant, mal payé, tres chronophage- peut vraiment faire de vous une autre personne. Plus fatiguée donc irritable, énervée et énervante, pas patiente, frustrée, peu compréhensive, jalouse etc.

Là, j’ai depuis 2 semaines le plaisir de découvrir la „vraie” Grenouille.
Pour la première fois depuis que l’on se fréquente, il a passé plus de 6h d’affilée avec moi. Donc on a pu faire plein de choses, certes pas extraordinaires, mais que l’on avait jamais eu le temps de faire. Le moindre petit truc prend alors une valeur immense...
Par exemple, nous n’étions jamais « sortis » ensemble, au sens littéral du terme, c’est-à-dire que l’on était jamais allés ensemble dans un endroit autre que mon appartement. Et donc j’ai découvert le petit plaisir de prendre le tram avec lui, en m’asseyant sur ses genoux comme semblent le faire tous les couples ici (à tel point que je me demande s’il n’y a pas un tarif spécial couple, moitié prix puisque 2 personnes sur un même siège). Ca m’a fait bizarre d’être dans la peau de ces gens que j’ai envié, de réaliser que s’afficher en dehors revenait à une officialisation de notre statut de couple, après plus ou moins 6 mois ensemble
Plaisir de le présenter à ma famille ici.
Plaisir de nous ballader main dans la main, en sautant par dessus les barrières et balançant nos bras au rythme de nos pas comme de vrais mômes.
De bouffer une pizza à deux dans un bar (nous n’avions jamais vraiment partagé de repas ensemble...).
De le laisser me préparer le cafe le matin, puis le déjeuner, qu’il m’apporte au lit. Savourer l’interdiction, qu’il prononce d’un ton intransigeant, de bouger de ce même lit pour l’aider ou faire la vaisselle. Vaisselle qu’il fera le lendemain matin, me laissant dormir pendant ce temps. (D’ailleurs, entre nous, ce mec est un pur cordon bleu ! Outre le plaisir visuel –il cuisine à moitié à poil- il a vraiment un don. Il m’a cuisiné une viande en sauce ce week-end... je suis désolée de te le dire Maman, mais tu as de la concurrence !)
Plaisir aussi de se raconter. Nos souvenirs, ce que l’on aime. J’ai donc découvert que l’on aime tous les deux la pluie et les orages. Les mêmes films bien souvent (humour britannique par exemple). J’ai pu voir de vieilles photos de lui, quand il avait 18 ans. Ses vieux papiers d’identité. L’écouter me raconter comment c’était à l’époque communiste. Sa mère, sa famille. (Découvrir que finalement il n’est pas si vieux que ca...et que –ô joie !- il est en terme d’âge plus proche de moi que de mon géniteur. Certes, de pas beaucoup... mais quand même !)
Nous avons aussi pu enfin apprécier le silence ensemble. Rester blottie dans ses bras, ne pas dire un mot, écouter les bruits de son corps. Ne pas avoir envie de briser cette harmonie. Avant, le temps etait tellement restreint, qu’il y avait en permanence cette peur de ne pas pouvoir faire ou dire tout ce que l’on veux, et qui faisait que chaque minute etait utilisée de la manière la plus rentable possible, se devait d’être comblée de mots, de gestes... Sachant qu’à la base, ce mec est une vraie pipelette, je vous laisse imaginer...
Et puis bien sûr, on a enfin la possibilité d’apprécier nos défauts, nos sales caractères. Ben oui, apprécier. Car je suis convaincue que l’on aime quelqu’un pour ses qualités. Mais que l’on s’y attache pour ses défauts. Et donc j’ai pu apprécier son manque de diplomatie et de tact avec les filles (Moi : « oui, nan mais je sais que je serais jamais mince. Je suis grosse, faut que je m’y fasse » Lui : « Exactement !»). Son sens inneé du romantisme (« t’as envie de baiser ? »). Et plein d’autres choses encore... Lui a pu se rendre compte grandeur nature de ma maniaquerie ménagère, de ma jalousie, de ma chiantitude en général...

Et pour finir, une chose qui m’a vraiment réchauffé le coeur, c’est de me rendre compte que mine de rien, une certaine complicité s’était tissée entre nous. Des silences éloquents, des private jokes, des taquineries. Des discussions à bâtons rompus sur des sujets très personnels.
J’admire ça « de l’extérieur », tant j’ai l’impression que ça s’est construit tout seul, comme une évidence. 6 mois ont passé, et je ne les ai pas vu passer, et je ne pensais pas qu’il y avait un « on », un « nous », et que ce nous serait « ça ». C’est rien du tout, juste un ptit truc, des petites piques, des détails au détour d’un mot que l’on sait qu’il ne prononçait jamais avant. Et qu’il dit maintenant naturellement.

C’est chelou tout ça les gens, moi je vous le dis !

Aucun commentaire: