21 juillet 2006

C’est quoi cette bouteille de lait ??

Quand on est petit (c’est-à-dire entre 4 et 6 ans), il y a une question existentielle que l’on se pose forcément, et qui nous taraude tant que l’on n’y obtient pas de réponse qui tienne la route : comment on fait les bébés ?
Nos géniteurs, après avoir lâchement cherché à détourner la réalité -il faut le dire plutôt crue et abstraite pour des gamins de 5 ans- par des subterfuges lâches tels que le coup de la cigogne, ou encore du chou et de la rose, finissent toujours par nous expliquer, avec plus ou moins de gêne, que quand le papa et la maman s’aiment très fort, ils font de gros câlins, et que le papa sème une graine dans le ventre de la maman, et là, pouf, ça fait un bébé. Bien sûr, la question de la technique nécessaire à l’implantation de cette fameuse graine est globalement éludée, d’où une certaine obscurité quant à cette étape de la procréation, mais bon, entre 10 et 15 ans, on finit toujours, grâce à l’Education Nationale, à éclairer cet aspect par les notions de verge, vagin, sperme, éjaculation et autres mots qui nous auraient de toute manière parus trop barbares quelques années plus tôt.
Bref, une fois le pourquoi du comment de la procréation compris et intériorisé, avec éventuellement le concours de quelques travaux pratiques, une autre question peut alors venir tarauder nos esprits plus ou moins tordus : pourquoi faire des bébés ????
C’est vrai quoi, c’est une chose totalement irrationnelle que de faire des mômes ! Il faut être une femme sacrément sûre d’elle pour vouloir ressembler pendant des mois à une grosse baleine échouée et, le plus souvent, incontinente et boulimique. Alors certes, certains avancent le fait que pendant la grossesse, la libido des femmes explose. Alors bon, d’une part, c’est loin d’être toutes les femmes. Et d’autre part, quel homme serait assez généreux pour vouloir faire l’amour à la baleine échouée ci-dessus décrite ??!! D’autant que certains futurs pères sont totalement refroidis niveau sexe par la présence de leur enfant dans le bide de leur conjointe. Et puis merde, ça limite les positions quand même, soyons francs !
Bref, passons sur ces détails croustillants des 9 mois de gestations, pour vous démontrer que ce n’est pas le seul moment qui fait qu’il est incompréhensible de vouloir faire des enfants. En effet, pour les plus amateurs de gore, nous pouvons citer l’accouchement. Ah, quel moment fabuleux que l’accouchement ! Quel bonheur que d’être allongée sur le dos, les jambes bien grandes ouvertes, avec une équipe d’une demie douzaine de médecin qui a les yeux rivés sur votre sexe ! Quel joie que d’entendre ces mêmes médecins vous hurler dessus pour vous encourager à pousser, alors que vous préfèreriez déjà être achevée plutôt que de subir ça encore une fois ! Quelle félicité que les suites de couches et autres épisiotomies, qui vous pourrissent la libido et vous empêchent d’avoir le moindre rapport sexuel pendant des jours, voire des semaines ! Quelle adorable vision que celle de votre enfant, tout sanguinolent et couvert d’une sorte de plasma visqueux, hurlant à qui mieux mieux, que l’on vous pose sur votre bide encore gonflé de ces 9 mois de grossesse comme on se débarrasserait d’un fardeau. Et vous de penser inconsciemment qu’il y a eu tromperie sur la marchandise, et que vous vous êtes fait avoir joliment. Et surtout, imaginez que certains pères assistent à cela en direct live ! C’est franchement répugnant.
Et le pire, c’est qu’après tout ça, et ben vous pouvez même pas les rendre les gnards ! Et ouais, ils sont pas cons, ils ont volontairement évité le service après-vente, résultat : démerdez vous !! A vous les nuits de 4h, à essayer de faire taire ces hurlements de bébé entre un biberon et une couche ! A vous les fesses à torcher à longueur de journée ! A vous les courses à faire en permanence ! A vous la vie de martyr, d’esclave de ce merdeux en couche-culotte, à ne pas pouvoir sortir ni en amoureux ni avec des potes, à ne plus avoir de vie sociale, à manquer de sommeil en permanence. Certains diront « oui, mais ça, ça ne dure que les premiers mois ». Ce n’est pas faux : au bout d’un moment, le môme sait aller sur le pot de lui-même (enfin notez qu’il faut encore le torcher), il sait marcher (mais du coup faut lui courir après) et manger seul (enfin si vous appréciez le papier peint recouvert de purée de carottes). Et surtout, il apprend à parler. Et là, plus possible de dire un mot sans qu’il essaie de le répéter, avec plus ou moins de succès. Mais le mot que le morveux apprend le plus vite à maîtriser, il est très simple : « NON ». Et c’est là que l’on vit l’une des périodes les plus difficiles de la vie de parents –avec l’adolescence je vous l’accorde- : la période du NON systématique. Exemple : tu finis de manger tes haricots verts mon chéri ? à NON ! Tu préfères peut-être des frites mon amour ? à NON ! Il y a quelque chose d’autre qui te ferais plaisir mon cœur ? à NON ! Bon, tu manges ton assiette sinon Papa va donner la fessée ! à NON ! Finis ton cirque ! Sors de table et va te coucher ! à NON ! (N.B : bien que légèrement plus développé, le vocabulaire utilisé par l’adolescent ne varie pas beaucoup de celui utilisé par le chérubin).
Et puis bon, l’enfant grandit, et atteint – enfin !- l’âge merveilleux d’aller à l’école. Enfin un peu de soulagement au cours de la journée. Sauf que le soir, c’est les devoirs, les poches pleines de sable du bac à sable, les super dessins tout moches devant lesquels ont doit s’extasier, les épidémies de poux ou de varicelle…
Et puis le collège arrive, souvent bien trop vite, et surtout en même temps que l’adolescence, et des revendications véhémentes pour le scooter, les sorties le soir avec les potes, l’époque des premières cuites et des premiers joints dont l’on retrouve les traces dans les yeux éclatés et injectés de sang de ses enfants. Idem pour le lycée. Et enfin les études, le gros casse tête, entre ceux qui savent ce qui veulent et qui coûtent plus ou moins cher à leurs géniteurs ; ceux qui croient savoir ce qu’ils veulent, et pour qui les parents se saignent aux 4 veines, tout ça pour changer d’avis au terme de sa licence et finalement faire un BEP coiffure. Et ceux qui savent pas, qui ne veulent pas vraiment travailler, qui sont bien chez papa-maman tel Tanguy, et qui s’incrustent sans vergogne, sans même penser que leurs parents souhaiteraient enfin que leur môme, après plus d’une vingtaine d’années, pourrait enfin leur foutre la paix. Précisons à cet égard que parfois, même ceux qui se sont échappés du foyer familial trouvent le moyen de quand même faire chier leurs parents, en leur refilant dès qu’une occasion se présente… les petits-enfants !!
Voilà, j’espère que tout cela vous aura fait prendre conscience que les enfants, c’est loin d’être le monde des Bisounours, et que le miracle de la vie n’a guère de miraculeux que le nom ! Marre de cette euphorie collective qui veut que les enfants, ne peuvent être que beaux, bons, mignons, gentils. Et il est tout aussi égoïste de faire des enfants que de ne pas en vouloir. Après, si vous êtes maso, c’est votre problème !

A bon entendeur...

13 commentaires:

Anonyme a dit…

on doit mettre ca sur ton humeur du jour ou sur une réflexion dont tu as accouché et, auquel cas, jte répondrais bien par un hymne au bonheur d'être parent?! volontairement pour faire chier, bien sûr !

Chachou a dit…

M'étonne pas de toi ça :-p
Non, c'est juste le fruits de plusieurs petites réflexions que je me fais ponctuellement, et que j'ai décidé de rassembler (encore que je me suis rendue compte que j'en avais oublié une partie mais bon !)
Et concernant les mômes, ya pas d'humeur du jour tu devrais le savoir ! J'ai toujours tenu le même discours jusqu'à présent !
Biz'

Anonyme a dit…

moué, je me doutais pas que c'était si acéré tout simplement !! je trouve ca triste d'avoir une vision si noire de la chose. même si je me retrouve dans beaucoup de tes remarques, ya quand même tout un pan positif, agréable et même jouissif par certains côtés je trouve à avoir des enfants, tu crois pas?

Chachou a dit…

Probablement. Je suis juste trop ou pas assez égoïste pour les voir, c'est tout. L'idée de refiler 50% de mon génotype, et cela consciement, me débecte. A la rigueur, je préfèrerais adopter un môme un peu plus vieux. C'est à dire qui aurait plus de 4 ans.

Vincent a dit…

Adopte plutot un gosse qui a déjà au moins 16 ans, comme ça, avec un peu de chance, même en te fréquentant tous les jours, il évitera peut-être d'attraper le même caractère que toi ;p

Anonyme a dit…

En tout cas, une chose est sûre: ne laissez pas votre petit bébé mignon sur la banquette arrière pendant les courses, et arrosez le abondamment d'eau bouillante (contre les bactéries).

PS: Cet été, faites croitre le PIB de votre patrie: mangez de la choucroute! En plus, c'est bon! Etonnant, non?

Anonyme a dit…

rah je ne me pas m'empecher de voire dans ce genre de réflexion quelque chose de profondément manichéen !!

désolée je sais que je suis pas légère...

Chachou a dit…

Attends je dis pas non plus que je ne sais pas voir la poésie qu'il peut y avoir à regarder un enfant grandir. Mais faut aussi arrêter de cacher les mauvais moments ! Tiens une anecdote pour illustrer mon propos. Au boulot hier, j'ai changé de la moquette. La salle d'en face est la salle fumeurs de l'étage, et donc le point de ralliement de plein de gens pendant la pause. il se trouve que parmi ces gens, il y avait beaucoup de nouveaux parents. Et devine de quoi il parlaient ? DE PISSE ET DE MERDE ! Et ils épiloguaient sur la texture, l'odeur et la couleur des excréments de leurs gniards. Franchement, si pour être parent il faut devenir comme ça, je préfère m'abstenir !! C'est pas de ma faute si les enfants c'est pas toujours poétique !

pseudointelektualka a dit…

chachou, ça m'a pris une semaine pour enfin lire cet article, et je dois avouer que j'avais besoin de chaque jour.
j'veux un bébéééééhéé! j'insiste!

Chachou a dit…

Ben t'as déjà Flushy, pourquoi voudrais-tu en plus un bébé ????

Anonyme a dit…

je suis rassurée de te voir employer le mot poesie, enfin... car ton post, n'y fait pas du tout allusion... et aussi je ne sais pas qui ou quoi te fait penser que l'individu ne voit pas toutes les difficultés et les inconvénients qu'il y a a élever des enfants. Je ne vois pas de quoi tu parles quand tu parles de mouvement collectif.
pour ce qui est de ton anecdote, je trouve en effet ca pitoyable. mais si être parent pour eux ca se résume échanger la dessus, ce n'est pas le cas de l'ensemble des jeunes parents.
bref, apparement, ta pensée est finalement pas si manichéenne et plutôt complexe. Tu dis pas vouloir enfanter mais adopter pourquoi pas? tu dis que ya surtout des mauvais moments mais aussi de la poésie? pourquoi ne pas faire suivre ce post d'un autre, explicatif du premier ?

Chachou a dit…

Ce ne serait probablement pas un service à rendre à un enfant que je l'adopte. J'ai dit que je l'envisageais, car je suis comme tout le monde, égoïste et lâche, et j'ai peur de me retrouver à 40 ans toute seule sans personne qui m'aime, mais surtout sans personne à aimer. Ce serait une faiblesse de ma part que de faire ça, de faire comme tous ces gens que je critique. Ca ne signifie pas que je possède une quelconque fibre maternelle, mais plutôt que je suis imparfaite, et consciente de cette imperfection intrinsèque à mon état de crash-test. Quant au mouvement collectif dont je parle, ne sois pas de mauvaise foi, il s'agit du politiquement correct d'aujourd'hui, qui fait que dès que l'on voit un bébé dans un landeau on a un réflexe psycho-morphologique qui fait qu'on l'on regarde avec l'oeil qui s'humidifie tout en pensant "oh qu'est-ce qu'il est mignon", et ce même si le gamin est moche. Le gamin c'est le symbole de l'innocence et de la pureté que l'on nous rabat dans les pubs, sur les photos, les sculptures, les peintures, les films... C'est l'un des derniers bastions après la famille, qui vient d'imploser à cause des divorces, de l'homo et de la mono-parentalité entre autres. Mais ça c'est une analyse vaguement sociologique, dépourvue de sentiments. Je comprends qu'un môme ça puisse émouvoir. Je ne l'accepte pas pour moi c'est tout. Après, tu fais ske tu veux de ton utérus et des 25 prochaines années de ta vie.

Anonyme a dit…

Moi je déteste les enfants. Ca bave, ca grogne, ca a des boutons, ca baise a côté des trous et ca ne produit rien, sinon des emmerdes.

Et aujourd'hui comme j'ai la gueule de bois et que je dois aller bosser, j'ai envie de me défouler et je crois que je vais aller tuer des enfants, au jardin des Tuileries.

Une bonne Barbapapa dans le cul et hop !


Klemy

PS: Olga, je suis d'accord avec Chachou, c'est pas la peine d'avoir des enfants, tu as Flush.
Le seul avantage d'avoir un enfant, c'est que tu aurais un Flush qui te ressemblerait.

Vaut mieux s'abstenir. Comme le disait Leche Walesa "Ne baisez pas".